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L'école à la maison : quand le parent devient instructeur.

Dernière mise à jour : 4 sept. 2020

L'école à la maison ou "homeschooling" suscite de plus en plus d'intérêt et de nombreuses familles, compte tenu de la situation actuelle, ont fait ce choix.

Loin de moi l'idée d'émettre un jugement sur cette décision mais elle doit être prise en pleine connaissance de cause. Or, une impression générale de confusion et d'imprécision se dégage des témoignages et des commentaires que je peux lire. Ce n'est que mon impression mais elle m'a donné envie d'éclaircir quelques points et de vous les soumettre.


Ce que dit la loi ?

Au Maroc, l'école à la maison n'est pas encadrée par la loi ou du moins pas encore. Je vous expose donc brièvement la loi française qui encadre l'école à la maison.

- l'instruction est obligatoire de 3 ans à 16 ans. L'enfant qui réside en France peut en bénéficier, quelle que soit sa nationalité. En revanche, un enfant français qui habite à l'étranger n'est pas concerné. (art. L131-1 du code de l'éducation)

L'instruction n'est pas la scolarisation, les parents ont donc le choix de la dispenser eux-mêmes.

- avant chaque rentrée, les parents doivent déclarer au maire de leur commune et au DASEN (directeur académique des services de l'éducation nationale) qu'ils dispenseront à la maison l'instruction obligatoire.

- la maire mène une enquête sur l'enfant et sa famille dès la 1ère année d'école à la maison. Enquête renouvelée tous les 2 ans jusqu'aux 16 ans de l'enfant. Sont évaluées les raisons motivant ce choix, les conditions de la famille et l'intérêt de l'enfant.

- un inspecteur académique évalue l'enfant au moins une fois par an sur ses connaissances avec pour référence le découpage des cycles d'enseignement (voir tableau bas de page). La famille est informée de cette inspection mais aucune date précise n'est donnée.

- le même inspecteur évalue aussi les parents qui doivent exposer les méthodes pédagogiques mises en oeuvre, prouver en quelque sorte qu'ils les maîtrisent.

- si les résultats ou les compétences pédagogiques parentales sont jugés insuffisants, une seconde évaluation familiale est mise en place environ 1 mois plus tard.

- si à l'issue de cette seconde évaluation les résultats restent insuffisants, les parents doivent obligatoirement scolariser leur enfant dans un délai de 15 jours.

- la famille peut faire le choix de scolariser son enfant quand elle le souhaite mais l'école est en droit de procéder à une évaluation générale des connaissances afin de déterminer dans quel niveau l'enfant doit être inscrit.


Pourquoi un tel cadre légal pour l'école à la maison ?

Ne pas scolariser son enfant entraîne de multiples adaptions dont les familles n'ont pas toujours conscience. (organisation familiale particulière, importance du travail que ça implique, "chronophagie", adhésion à différentes activités pour compenser la perte de sociabilisation d'un enfant non scolarisé, etc). L'école à la maison ne s'improvise pas, elle doit être réfléchie dans le fond et la forme pour être mise en place correctement pour que l'enfant puisse bénéficier d'une instruction correcte, d'une instruction qui a du sens.

Nous ne parlons pas d'éducation, il faut savoir faire la distinction.

L'instruction vise la transmission des savoirs pour former la raison et l'esprit critique, l'éducation vise la transmission de savoir-faire et de savoir-être.

Elles ne requièrent pas les mêmes prérequis. La première demande principalement compétences et objectivité, la seconde s'attache avant tout à l'amour et au bon sens. Les deux, bien-sûr, obligent à la bienveillance. Quant à l'enseignement, il est plus spécifique et ne concerne que les activités scolaires visant les apprentissages prévus dans les programmes. Ces nuances sont importantes pour bien comprendre ce qu'impliquent les différents choix qui s'offrent à nous aujourd'hui.

Le présentiel est donc l'enseignement. Le distanciel, de l'éducation au service de l'enseignement. L'école à la maison, de l'instruction au service de l'enseignement.

Autrement dit, dans le présentiel, le parent reste parent. Dans le distanciel, le parent devient aussi un relais et un support de l'enseignant, de son enseignement. Enfin, pour l'école à la maison, le parent devient instructeur. Et cela ne s'improvise pas. C'est pourquoi il est important d'établir un cadre légal qui permette aux parents d'être guidés et suivis, s'ils le souhaitent, pour acquérir les compétences fondamentales d'un instructeur et garantit aux enfants le droit d'accéder à une instruction satisfaisante.

Ce n'est pas compliqué, cela se passe généralement très bien, mais il faut en avoir conscience et surtout ne pas oublier qu'être parent relève souvent de l'instinct, du ressenti. Être instructeur, jamais. C'est un savoir-faire qui doit être appris.


Tout cela n'a pas pour but de vous faire peur ou de remettre en question le choix de l'école à la maison. Bien au contraire. Mais je pense que plus l'on sait, mieux l'on fait.

L'école à la maison a de nombreux avantages et non des moindres : respect de l'individualité de l'enfant et de son rythme, plus de diversité dans les apprentissages, plus de temps pour les activités culturelles et sportives, entre autres. Mais si l'école à la maison n'est pas bien mise en place, si les objectifs et les méthodes pédagogiques n'ont pas été bien définis, si le parent ne devient pas instructeur, ses avantages peuvent être remplacés par des inconvénients aux conséquences plus ou moins lourdes.


Les pièges à éviter :


- suivre un programme scolaire annuel. En général, les statistiques le prouvent, l'école à la maison est un choix sur moyen et long terme, rarement sur 1 ou 2 ans. Elle correspond à une conception de la vie, à une manière de la vivre et fait partie intégrante du fonctionnement familial. Elle se pense donc en cycle d'enseignement plutôt qu'en année scolaire, c'est d'ailleurs sur cette base qu'elle est évaluée par l'inspecteur académique comme nous l'avons vu. Les programmes scolaires sont pensés pour l'enseignement pas pour l'instruction. Il faut donc adapter les contenus, leurs rythmes, leurs objectifs.


- transformer la chambre de l'enfant en classe d'études. Un endroit pour faire classe, où l'on devient instructeur pour l'enfant est primordial. Déjà, l'enfant a besoin de garder ses repères. Sa chambre est un endroit de détente, de repos, d'amusement, de réflexion personnelle, d'intimité. Elle doit le rester. Cela peut paraître amusant pour l'enfant dans un premier temps cette "décoration", cette invitation de l'école dans sa chambre, mais à terme, la distinction sera difficile entre ces deux espaces pouvant conduire à du stress, de la fatigue, des troubles du sommeil, de l'inattention.

Un espace distinct vous permet aussi de passer de parent à instructeur, l'environnement est le premier signal que perçoit votre enfant. Dans sa chambre il a besoin de sa maman, de son papa, jamais d'un instructeur. C'est donc un mauvais signal à lui envoyer. Votre enfant doit savoir à chaque moment si vous êtes parent ou instructeur. Car vous ne pouvez pas être équitablement les deux. Vous devrez toujours, suivant votre programme, votre répartition, vous adapter et être toujours l'un plus que l'autre, l'un au détriment de l'autre. Aidez-vous en délimitant clairement les différents espaces.


- Surcharger le contenu. Une autre raison de ne pas se calquer sur un programme scolaire annuel qui ne peut s'appliquer. C'est un enseignement, des professeurs sont formés pour le dispenser. Ils n'ont pas seulement le savoir, ils ont aussi le savoir-faire et le savoir-être. Toutes ces compétences sont prises en compte dans l'élaboration des programmes, dans leurs rythmes. Ils ne sont pas adaptés "en l'état" pour l'école à la maison, il faut les modifier en fonction de vos objectifs et de la méthode que vous avez choisie.


Quelques conseils :


- Lisez beaucoup sur le sujet. Informez-vous. "Pensez-vous" en tant qu'instructeur.

- Établissez des objectifs par période, des chemins pour y arriver.

- Ecrivez vos méthodes pédagogiques, pour vous, pour les clarifier, les améliorer au fil de votre expérience.

- Tenez un journal personnel, un pour vous, un pour votre enfant. Dans le vôtre notez vos remarques de parent sur l'instructeur que vous êtes, vos ressentis sur votre enfant, les plus, les moins. Appliquez le même principe pour votre enfant. Même s'il est petit qu'il dessine ce qu'il a ressenti de ce temps d'instruction. Cela aide à prendre du recul et à s'accorder.

- Délimitez les différents espaces. Ne choisissez surtout pas la chambre pour faire classe. Si vous avez la possibilité, dédiez une pièce à la classe. Sinon, essayez de rendre exclusif la partie d'une pièce pour l'instruction. Ce n'est pas toujours évident, mais vous avez compris le principe. je ne peux que vous conseiller de faire de même pour le distanciel.

- Établissez des horaires, un emploi du temps sans oublier les temps de repos.

- Échangez, partagez vos expériences avec d'autres familles d'école à la maison.

- Soyez à l'écoute.

- Ayez confiance en vous.

- Faites confiance à votre enfant.

Et tout devrait bien se passer.


Je le répète, peu importe le choix que vous avez fait pour la scolarité de votre enfant. Si vous vous êtes écouté.e.s, c'est le bon et personne ne peut le remettre en cause.

L'école à la maison demande juste des prérequis particuliers, et ce sont d'eux dont je voulais parler en espérant qu'ils vous confortent dans votre choix ou qu'ils vous aident à le mettre en pratique.


A tous je souhaite une année sereine, pleine d'éducation, d'enseignement, d'instruction, car si les nuances sont importantes, l'objectif reste le même, transmettre.







 
 
 

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