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UNE COLÈRE IMPATIENTE, UN ESPOIR TOUT AUTANT

Cela aurait pu attendre demain. Mais il y a des colères impatientes capables de trépigner dans les tripes pour avoir le droit de s'étaler sans attendre. Ce n'est peut-être pas l'endroit me suis-je dit. Un doute vite dissipé. Mon métier aide à l'expression. Comment pourrais-je le faire si je retenais la mienne ?

Je ne sais pas si notre gouvernement dort bien cette nuit, s'il a conscience du ravage qu'il offre à nos enfants. Je ne sais pas si la tête sur l'oreiller, sa lâcheté ne l'oblige pas à compter les innombrables moutons de son incompétence pour cajoler sa conscience mise à mal par l'insulte qu'il vient de faire à son peuple. Un doigt d'honneur sans honneur caché dans une moufle mitée.

L'on ne peut voir que le vice et la perversité de cette manoeuvre vulgaire. Des semaines que les contaminations augmentent. Des records quasi quotidiens ces deux dernières semaines. Rien n'est fait. Le gouvernement savait. Nous le savions tous. Nous nous demandions juste quand. Nous avons la réponse. C'était juste après avoir contenté le lobby des écoles privées à qu'ils ont assuré le paiement des frais de scolarité pour la plupart, juste après avoir manipulé les parents en leur laissant l'illusion d'un choix, juste après leur avoir refusé une fois fait, juste après avoir nourri l'espoir de nos enfants de retrouver le chemin de l'école. Faire une telle annonce un dimanche soir, à 22h, veille de rentrée, est définitivement une insulte. Des parents qui n'ont pas le temps de s'organiser pour le travail. Des enfants bafoués. Je suis en colère. Nous le sommes tous. Un tel manque de considération est inacceptable, une telle gestion inadmissible.

J'ai reçu de nombreux messages de parents, désemparés, ne sachant pas comment annoncer cette nouvelle à leurs enfants au réveil demain matin.

C'est évident. C'est violent. Il ne sert à rien de dire le contraire. Nous avons le droit d'être en colère, le besoin de l'exprimer, eux aussi. C'est nécessaire. Mais il faut protéger l'école, son rapport à elle, elle qui n'y est pour rien. Je n'ai pas à vous dire quoi leur annoncer ou comment. Mon métier m'a appris qu'en général, face à la peine d'un enfant, les parents auront toujours les mots plus justes que tous ceux qu'ils pourraient emprunter. Mais si vous devez calmer votre colère, la pacifier, la digérer impérativement avant d'annoncer cette triste nouvelle au réveil, il faut penser que votre enfant aura la même et qu'il est en droit de l'exprimer et de prendre le temps qu'il lui faut pour la digérer. Alors aidez le à la diriger. Aidez le à dessiner le chemin qui mène du cœur à l'estomac. Les colères ont besoin de coupables. Ce n'est ni l'école, ni le professeur, ni maman, ni papa. Ce sont les gens qui décident pour tous et que même si cette décision est faite pour nous protéger, ils n'avaient pas le droit de le dire au dernier moment, que c'est leur devoir de prévoir les choses pour nous laisser le temps de s'adapter et que c'est cela qu'on appelle gouverner. Cette fois, ils n'ont pas voulu le faire avant, et si tu es en colère c'est à cause de ces gens qui décident pour nous et qui n'ont pas bien fait leur travail parce qu'ils n'ont pas eu le courage de le faire.

Nous assumons tous nos bêtises. Le gouvernement devra assumer la colère, la tristesse et la déception de nos enfants. Il devra aussi assumer la blessure d'un parent qui suinte par le mal que l'on fait à son enfant et reprendre tout ce sel qu'il jette sur les plaies.

Mais surtout gardons ce lien avec l'école, entre nous. Ne nous accusons de rien. Nous subissons. Nous enfants subissent. Toute cette outrageante incompétence. Comme eux aidons-nous à bien identifier les coupables de nos colères. Les écoles n'ont pas d'autres solutions. Dans l'ensemble elles ont tout essayé pour nous rendre possibles des choix qui ne l'étaient pas. Ces deux dernières semaines nous nous sommes torturé.e.s, présentiel, distanciel, alors que nous savions que ça n'allait pas durer. Nous savions. Le gouvernement savait. Au dernier moment. Il nous a trahis. Il nous impose d'assumer un choix pour nous le refuser car lui n'assume pas.

Oui bien-sûr les écoles doivent être prêtes au distanciel, et si elles ne le sont pas c'est un scandale. Mais cela nos enfants n'ont pas à le savoir. L'école doit rester jolie dans son espoir de retrouvailles, elle doit rester à ses côtés, pour eux. Surtout pour les plus petits. Pour les plus grands, nos adolescents, ils ne sont pas dupes. Malheureusement.

Quant aux professeurs, plus que jamais, ils ont besoin de nous et nous, besoin d'eux.

Alors nous avons droit à cette colère, nous avons droit à son expression, petits comme grands, mais ces derniers ont un devoir en plus d'avoir ce droit. Le devoir de la rendre constructive, sur un chemin d'accès au savoir. Et cette construction, née de colères légitimes, doit grandir et s'élever dans la paix, l'échange serein et l'entraide attentive afin que nos enfants comprennent que dans la difficulté et la souffrance, le respect de l'autre dans ce qu'il est, dans ce qu'il exprime, est la base d'un avenir meilleur. Notre gouvernement ne l'a pas compris, il ne le peut pas, il n'a aucun respect dans ce que nous sommes, ce que nous exprimons.

Nos enfants méritent mieux, ils méritent surtout des espoirs qui tiennent au réveil. N'oubliez pas de leur dire ça. Que personne, pas même un gouvernement mal éduqué, ne viendra tuer les leurs et qu'au pire, y en a plein d'autres à fabriquer.


 
 
 

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